Cabourg et ses environs ont, eux aussi, leur lot de personnages illustres. C’est notamment le cas de Marcel Proust, grand romancier français du XIXe et XXe siècle et figure historique de la région. 

Dans les pas de Marcel Proust à Cabourg

Si vous êtes venu à Cabourg pour découvrir les sublimes plages et les ruelles pleines de charme, restez pour faire un véritable saut dans le temps. Si Marcel Proust n’a pas mis les pieds dans la ville depuis plus de 100 ans, nombreux sont les monuments et endroits à lui rendre hommage. En voici une liste non exhaustive. 

Le Grand Hôtel de Cabourg

Grand Hotel de Cabourg
©

Ici, vous aurez peut-être la chance de dormir dans la célèbre chambre 414, dont la décoration est inspirée des chambres louées par Marcel Proust lorsqu’il y séjournait. Dans cet hôtel emblématique de la Côte Fleurie, vous aurez également l’occasion de replonger dans la Belle Epoque, célèbre pour son style architectural si particulier (nous vous en parlions en détails ici). 

La Promenade Marcel Proust 

C’est LA plus longue promenade piétonne d’Europe — oui, rien que ça. Cette balade panoramique de plusieurs kilomètres était autrefois appelée Boulevard de l’Impératrice ou encore Promenade des Anglais (comme à Nice). D’ailleurs, nous vous en dévoilons tous les secrets ici, dans l’une de nos pages. 

Promenade Marcel Proust à Cabourg
©

La Villa Bon Abri

Cette villa (dont le nom ne vous dit peut-être pas grand-chose) a été construite par (et pour) Clément Parent. Le petit-fils de ce dernier, un certain Pierre, s’était lié d’amitié avec Marcel Proust : c’est l’une des raisons pour lesquelles elle a aujourd’hui été transformée en La Villa du Temps retrouvé, un musée. C’est d’ailleurs dans les jardins de cette villa que vous pourrez admirer la statue de Marcel Proust.

Les liens entre Cabourg et Marcel Proust sont nombreux : si bien qu’en 2020, l’auteur et ancien maire Jean-Paul Henriet sort (aux éditions Gallimard) Proust et Cabourg. Dans cet ouvrage de référence, il y raconte la vie, l’œuvre et l’attachement tout particulier de Marcel Proust à la Normandie.

Marcel Proust en 6 chiffres clés

  • 138 : C’est le nombre d’ouvrages écrits à son sujet. C’est (beaucoup) plus que le nombre d’ouvrages qu’il a lui-même publié.
  • 1 231 972 : C’est le nombre de mots qu’il a fallu pour écrire À la recherche du temps perdu
  • 6 000 : C’est le nombre de lettres écrites par Marcel Proust et numérisées par l’Université de l’Illinois. La collection est consultable en ligne gratuitement, grâce à la Kolb-Proust Archive for Research
  • 34 : C’est le nombre de questions présentes dans le célèbre questionnaire de Proust. Parmi elles : “mon principal défaut”, “la couleur que je préfère”, “comment j’aimerais mourir”, “mes peintres favoris” ou encore “mes héroïnes dans l’histoire”. 
  • 500 : C’est le nombre de nuits qu’a passé l’écrivain au Grand Hôtel de Cabourg. 
  • 1971 : C’est l’année où la digue de Cabourg a été rebaptisée “Promenade Marcel Proust”.

Cabourg et Marcel Proust : l’histoire d’une vie

Un début de carrière en dents de scie

Marcel Proust voit le jour en plein été, le 10 juillet 1871 à Paris. C’est lors de sa toute petite enfance qu’il est victime de sa première crise d’asthme — un détail qui n’en est pas un, puisque cela va jouer un rôle majeur dans sa carrière. Si son père l’encourage à devenir diplomate, le jeune, lui, se fait remarquer à l’école pour ses talents littéraires. Il faudra cependant attendre 1896 pour qu’il publie son tout premier livre : Les Plaisirs et les Jours. Ce recueil de poèmes et de nouvelles n’aura malheureusement pas le succès escompté auprès des critiques littéraires.

Un drame, puis le succès

Son père et sa mère décèdent au début du XXe siècle — respectivement en 1903 et 1905. L’état de santé de Marcel Proust s’aggrave alors, notamment à cause de son asthme. En lisant un article du Figaro du 10 juillet 1907, il découvre qu’un hôtel d’exception a ouvert ses portes à Cabourg : le nouveau Grand Hôtel.

“Ayant appris qu’il y avait à Cabourg un hôtel, le plus confortable de la côte, j’y suis allé. Depuis que je suis ici, je peux me lever et sortir tous les jours, ce qui ne m’était pas arrivé depuis 6 ans”

écrivait-il à Élisabeth de Riquet de Caraman-Chimay, dans une lettre envoyée en août 1907

L’hôtel en question devient alors son lieu de villégiature fétiche : si bien qu’il s’y rendra chaque été jusqu’en 1914 — à l’aube de la Première Guerre mondiale.

La Normandie par écrit

Lors de ses nombreux séjours, il ne bouscule pas sa routine parisienne : il écrit la nuit, dort le jour. Son quotidien est rythmé par les sorties à la mer, où il passe son temps à observer la digue et les marées. Des éléments qui ne manqueront pas de l’inspirer lors de la rédaction de son roman de 7 tomes À la recherche du temps perdu — dans cet ouvrage, notamment, il renomme Cabourg “Balbec”.

“Il n’y a guère que dans la Manche entre Normandie et Bretagne que j’ai pu faire de plus riches observations sur cette sorte de règne végétal de l’atmosphère. Là-bas près de Balbec, près de ces lieux si sauvages, il y a une petite baie d’une douceur charmante où le coucher de soleil du pays d’Auge, le coucher de soleil rouge et or, que je suis loin de dédaigner d’ailleurs, est sans caractère, insignifiant ; mais dans cette atmosphère humide et douce s’épanouissent le soir en quelques instants de ces bouquets célestes, bleus et roses, qui sont incomparables et qui mettent souvent des heures à se faner”,

écrivait-il dans Du Côté de chez Swann

Ses dîners ? Il choisit de les prendre dans la salle à manger, qu’il compare volontiers à un aquarium. Il termine la plupart de ses soirées au casino. Dès qu’il en a l’occasion, Marcel Proust part à la découverte des environs. Parmi ses destinations préférées de la région, on trouve Benerville, Blonville, Trouville ou encore Houlgate — c’est ici, chez Lerossignol, qu’il se fournissait régulièrement en fleurs. 

Le saviez-vous ?

Marcel Proust vint 32 fois au magasin Lerossignol entre 1908 et 1913. Inconnu encore à l’époque, son passage marqua cependant les esprits des propriétaires du magasin. Des fleurs (œillets, liliums, hydrangeas, roses, phlox et glaïeuls arrangés en gerbes ou bouquet), il n’en achetait aucune pour lui. Toutes étaient livrées, parfois sur de longues distances.

Une rencontre, puis la fin d’un amour 

En 1913, il croise à nouveau le chemin d’un certain Alfred Agostinelli, son ancien chauffeur de Cabourg. Marcel Proust se prend alors de passion pour cet homme. Il fait de lui son secrétaire personnel et l’installe dans ses quartiers, aux côtés de sa compagne. Très malade, il sera complètement bouleversé par la mort de cet ami — un drame qui lui inspirera toutefois La Prisonnière et la Fugitive, l’un des tomes de À la recherche du temps perdu. Après cet épisode tragique, il décide de ne plus jamais mettre les pieds à Cabourg. Il décédera en 1922 des suites d’une pneumonie, laissant derrière lui un héritage littéraire dont chaque élément semble rendre hommage à son cher Cabourg.